‘84


Erdal M.C.

A l’autre bout du monde 10 ans après

A la pointe de ce diable bien clément

Ces bruits de vagues sur cette plage d’Uruguay

Soleil et océan droit devant

J’attendais ça depuis si longtemps putain !

Etre bien et aimé, avec ma bien-aimée

Loin de tout et surtout d’un quotidien

Dystopique, âpre, glauque et formaté

Sur ces rochers, en train d’écrire

Contemple l’horizon, Breakbot dans les oreilles

Sur son hamac, elle, en train de lire…

1984 de Georges Orwell

Big Brother is watching you

Une enfance sans visage, un flou sans histoire

Une Police de la Pensée partout

Des télés-écrans à ces gamins héros, ces sales mouchards !

Maon

Content d’être
vivant, y’a tout qui reste à faire

Y’a beaucoup trop
de gens qui sont médisants ou réfractaires

J’me revois à mes
dix ans, un gamin les pieds sur terre

Sourire aux lèvres
avec tout plein de rêves en tête

J’ai savouré ma
vie, elle était belle et parfois rude

J’aurais jamais
pensé à 33 ans reprendre les études

A vrai dire jadis, j’appréhendais le futur

Je crois même
avoir été dans un clivage genre no future

Y’a eu des hauts,
des bas mais là on va de l’avant

J’me revois avec
mon frère chipper l’calendrier de l’avant

Mon grand père
magique, sincère, réconfortant

Jouant l’papa Noël
chaque année, jusqu’à 11 ans.

Mais les bonnes
âmes s’envolent parfois un peu trop tôt

On n’en prend pas bien
soin dans nos vies d’occidentaux

Dorénavant
j’savoure chaque minute dans mon réseau

Et me laisse
parfois porter telle une brindille dans un ruisseau

Erdal M.C.

C’est moi Winston Smith le contestataire

Employé modèle au sein de ce ministère

Je n’adhère plus à cette amnésie sélective

Que j’ai pourtant nourrie à coups de manœuvres correctives

Je ne veux plus des : « la guerre c’est la paix » des ménages

« L’ignorance c’est la force »

Je n’en peux plus des « la liberté c’est l’esclavage »

Ce Parti, ce régime, l’Angsoc

Je ne sais plus colmater ces trous de mémoire

Ces théories de circonstance

Ces manigances sur un passé illusoire

Double pensée, trucage et propagande

Avaler et recracher c’est fini !

Car… je n’ai trop bien saisi que…

Le crime de penser n’entraîne pas la mort

Le crime de penser… c’est la mort !!!

Erdal M.C.

La fille du hamac là, c’est ma Julia

Que je crus partisane de ce système

Cette nana là, même, qui me glissa qu’elle m’aima

Lors des Deux Minutes de la Haine

Dieu que j’aime clandestinement la revoir

Dans cette mansarde du quartier des prolétaires

Lire Goldstein jusqu’à tard le soir

Et lui faire tendrement des becs sur les paupières…

Maon

La vie un long fleuve toujours empli d’épreuves

Des rencontres, des surprises tellement belles qu’elles m’émeuvent

Parfois déçu, parfois heureux, faut faire peau neuve

Content d’être vivant à mon soleil je fais honneur

Conscient des enjeux du monde et ses horreurs

A chaque nouvelle journée mon projet c’est que j’améliore

Je mise tout sur l’amour, le respect, mais pas sur l’or

Je dialogue et milite pour pas que tout ne se détériore…

Ce texte épouse le morceau “’84” composé par le jazz de Princip Aktif. Il est composé de 4 strophes scandées en passe-passe entre Maon et Erdal M.C.

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Source: Textes